Archives de catégorie : histoire

10 mai: jour de commémoration nationale

En France, depuis 2006, le 10 mai est la “journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition”.

Que commémore-t-on chaque année ?

Après la découverte de l’Amérique par les Européens en 1492, du XVe au XIXesiècles, plus de 11 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été capturés en Afrique, transportés à travers l’Atlantique et réduits en esclavage pour travailler dans des conditions très dures au sein d’exploitations coloniales en Amérique et dans la Caraïbe.

Le mémorial Cap 110, érigé en 1998, à l’Anse Caffard, au Diamant en Martinique.
© helenedevun – stock.adobe.com

Pourquoi la date du 10 mai ?

La date du 10 mai a été choisie par le président Jacques Chirac, sur proposition du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE) alors dirigé par l’écrivaine Maryse Condé.

Cette date symbolique fait référence à la date d’adoption par le Sénat du texte définitif de la loi Taubira du 21 mai 2001.

Que contient la loi Taubira du 21 mai ?

La date du 10 mai commémore l’adoption de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité du 21 mai 2001, aussi appelée “loi Taubira” du nom de l’ancienne ministre de la justice. 

Christiane Taubira à l’Assemblée Nationale

Par cette loi, la République française reconnaît que la traite négrière transatlantiqueainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques, aux Caraïbes et dans l’océan Indien contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité.

Quelles sont les autres dates de commémoration de l’abolition de l’esclavage en France ?

Différentes journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage sont reconnues sur le territoire français.

Cette diversité reflète la complexité et les particularités locales de l’histoire de l’esclavage dans les départements et régions d’outre-mer français (DROM). Bien que le décret Schoelcher abolit en théorie l’esclavage le 27 avril 1848, la situation politique et sociale des esclaves éloignés de la métropole ne changent pas. Ainsi, ces dates historiques correspondent à l’anniversaire de l’abolition réelle de l’esclavage dans les DROM. 

  • le 27 avril à Mayotte ;
  • le 22 mai en Martinique ;
  • le 27 mai en Guadeloupe ;
  • le 10 juin en Guyane ;
  • le 20 décembre à la Réunion.
Guadeloupe, un descendant d’esclaves rachète le journal intime de Victor Schoelcher, l’abolitionniste Français (www.bigidi.tv)

La loi du 30 juin 1983 reconnaît ces journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage comme des jours fériés locaux. 

La Fondation pour la mémoire de l’esclavage, qui a remplacé le CNMHE, assure la coordination du mois des Mémoires (du 27 avril au 10 juin et le 20 décembre à La Réunion) dans lequel s’inscrit la journée nationale du 10 mai.

Le panafricanisme en deuil

Le brillant et excellent professeur Guadeloupéen, Jean-Philippe Omotunde connu sous le nom de Kalala Omotunde vient de décéder d’une crise cardiaque, ce 13 novembre 2022.

Kalala Omotunde sur Canal 10.

Enseignant à l’institut Africamaat de Paris, Kalala Omotunde était aussi un pionnier de l’enseignement des humanités africaines sur les médias. Il œuvrait depuis des années sur la chaîne locale Canal 10 où il partageait le fruit de ses recherches sur la restauration de la vérité historique et la spiritualité originelle africaine. Paix à son âme.

Le Chevalier Saint-George, un héros Guadeloupéen à Hollywood

Parfois surnommé « le Mozart noir », Joseph Boulogne, chevalier de Saint-George fait l’objet d’un biopic.

À l’initiative du projet, Stefani Robinson, scénariste de la série Atlanta qui participe également à l’écriture de la quatrième saison de Fargo, s’est associé au réalisateur Stephen Williams (WatchmenWestworld) pour raconter la vie du compositeur français né en Guadeloupe, violoniste virtuose et escrimeur hors pair. La société de production Searchlight, qui avait produit, entre autres, Black Swan avec Natalie Portman et Vincent Cassel, et qui appartient désormais au groupe Disney, financera et distribuera le projet qui semble répondre aux récentes polémiques sur la place des musiciens racisés dans la musique dite classique.

C’est la star Africaine-Américaine, Kelvin Harrison Jr. , un habitué des rôles en petits groupes dans le film acclamé par la critique Vagues aussi bien que Il vient la nuit et Monstres et hommes, qui a été choisie pour incarner le Guadeloupéen.

Kelvin Harrison Jr. a été vu le plus récemment dans Le procès du Chicago 7 ainsi que dans Le photographe.

La vie romanesque d’un compositeur Noir.

La vie mouvementée de Joseph Boulogne de Saint-George devrait donner suffisamment de matière au film Chevalier : né en 1745 d’une relation illégitime entre une esclave et un propriétaire terrien dont l’identité n’est pas clairement établie, il fut le premier colonel noir de l’armée française. En tant qu’escrimeur, il mena quelques assauts célèbres et affronta par exemple le sulfureux Chevalier d’Éon – escrimeur (ou escrimeuse) non moins fameux·se. Malgré la discrimination, il parvient à faire représenter deux pièces à l’Opéra-Comique (ou Comédie-Italienne : les deux théâtres ont alors fusionné) dans les années 1770 ; il accède même à la direction du Concert Spirituel, première institution de concerts publics en France, fondée en 1725.

CHEVALIER | Official Trailer | Searchlight Pictures

Le préjugé racial mettra toutefois une borne à son ambition : en 1776, il est candidat à la direction de l’Académie royale de musique ; « mesdemoiselles Arnould, Guimard, Rosalie et autres n’en ont pas été plus tôt informée qu’elles ont adressé un placet à la reine pour représenter à Sa Majesté que leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais d’être soumises aux ordres d’un mulâtre », note la Correspondance littéraire, qui ajoute : « Une considération si importante a fait toute l’impression qu’elle devait faire. » Ce qui ne l’empêchera toutefois pas de publier avec succès plusieurs recueils de musique instrumentale, dont une dizaine de concertos pour violon.

Durant la Révolution, Saint-George est suspecté de sympathies royalistes et arrêté le 4 novembre 1793. Il est incarcéré pendant environ un an, mais échappera aux purges de la Terreur. Il perd toutefois ses fonctions dans l’armée. « Privé de tous ses revenus par les événements politiques, il passa ses dernières années dans un état voisin de la misère », écrira Fétis dans sa Biographie universelle des musiciens. « Un ulcère à la vessie le conduisit au tombeau le 12 juin 1799, à l’âge de cinquante-quatre ans. »

Assassinat de Malcolm X.

Les deux Afro-Américains accusés d’avoir tué Malcolm X ont été innocentés. Ils vont percevoir 36 millions de dollars de la part de la ville de New-York. Ils avaient été condamnés à tort et ont passé une vingtaine d’années en prison chacun.

Ils ont été victimes de l’une des plus grosses erreurs judiciaires de l’histoire des Afro-Américains. Deux hommes innocentés en 2021, après vingt ans de prison chacun pour l’assassinat en 1965 de Malcolm X, vont percevoir au total 36 millions de dollars de la ville et de l’Etat de New York.

Muhammad Aziz se tient devant un palais de justice de New York avec des membres de sa famille et des avocats après que sa condamnation pour le meurtre de Malcolm X a été rejetée le 18 novembre 2021 à New York. (Photo : Spencer Platt/Getty Images)

L’avocat David Shanies, défenseur de Muhammad Aziz, 84 ans, et de la famille de Khalil Islam, décédé en 2009, a confirmé dimanche soir dans un courriel qu’une « injustice (avait été) aujourd’hui reconnue et une étape modeste franchie pour la corriger ». Interrogée par le New York Times, la direction juridique de la mairie de New York avait révélé plus tôt un accord de dédommagement financier avec « Messieurs Aziz et Islam injustement condamnés pour ce crime » : le meurtre de Malcolm X le 21 février 1965 à la tribune de l’Audubon Ballroom, une salle de spectacle de Harlem, un quartier du nord de Manhattan.

Plus de 40 ans de prison à eux deux

Les deux hommes, membres du mouvement de Malcolm X « Nation of Islam », avaient été condamnés en 1966 à de lourdes peines d’emprisonnement et avaient passé 42 ans à eux deux derrière les barreaux – une vingtaine d’années chacun – pour un meurtre qu’ils n’avaient jamais commis. Mais le 19 novembre dernier, dans un coup de théâtre judiciaire historique, la cour suprême de l’Etat de New York les avait innocentés.

La justice avait même reconnu son « échec » en ayant emprisonné deux innocents pour l’assassinat de l’icône de la cause des personnes noires dans les années 1960 aux Etats-Unis. La disparition de Malcolm X fut un coup de tonnerre dans l’histoire douloureuse des Afro-américains. Une « tragédie (…) ressentie dans le monde entier et aggravée par le fait qu’elle a conduit à la condamnation et à l’emprisonnement de deux jeunes hommes noirs innocents en Amérique » ; a dénoncé l’avocat David Shanies.

Un documentaire à venir sur Netflix.

Il a confirmé les chiffres du New York Times : 26 millions de dollars versés par la ville de New York et dix millions de dollars de l’Etat de New York. Muhammad Aziz, libéré en 1985, et Khalil Islam, libéré en 1987 et décédé en 2009 à 74 ans, ont toujours clamé leur innocence. Le troisième condamné, Mujahid Abdul Halim, avait lui reconnu à l’époque avoir tiré sur Malcolm X, et avait mis ses deux coaccusés hors de cause, mais en vain.

Jusqu’à ce que la justice de New York rouvre le dossier en 2020. Il a en effet fallu attendre la diffusion en février 2020 d’un documentaire sur Netflix (« Who Killed Malcolm X ? »), renouvelant les doutes sur la présence d’Aziz et d’Islam sur les lieux de l’assassinat. Après des mois d’enquête en révision, le procureur de l’époque de Manhattan, Cyrus Vance, s’était allié aux avocats des deux hommes et à une organisation, « The Innocence Project », qui lutte contre les erreurs judiciaires, pour déposer une motion d’annulation devant la cour suprêmenew-yorkaise.

Des « excuses » après des « décennies d’injustice »

Et en novembre dernier, en direct à la télévision et sous les applaudissements, le procureur Vance avait présenté les « excuses » des autorités judiciaires américaines pour des « décennies d’injustice » et des « violations inacceptables de la loi et de la confiance de l’opinion publique ». Devant la cour, il avait « reconnu la gravité de cette erreur » judiciaire, sans s’étendre sur les rumeurs concernant le rôle trouble joué à l’époque par la police fédérale (FBI) et celle de New York.

A voir: http://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/src/qx850sq/zone/1/showtitle/1/

Au moment de son assassinat, Malcolm X, 39 ans, figure radicale de la cause afro-américaine, accusé par ses détracteurs d’appeler à la violence et au séparatisme, avait quitté « Nation of Islam » et opéré un virage plus consensuel. Il avait été alors menacé par des membres de son ancien mouvement et son domicile à New York avait été la cible d’un attentat quelques jours plus tôt.

Menaces sur la Route du rhum 2022 ?

Depuis quelques jours circulent sur les réseaux sociaux des messages plus ou moins explicites contre la 12eme édition de la Route du Rhum. Et dans le plus grand silence…

Un message en anglais et en français qui s’adresse directement aux 138 participants qui partiront du port de Saint-Malo le 6 novembre prochain pour la destination Guadeloupe. Message faisant allusion à la crise sanitaire, sociale et politique que traverse la Guadeloupe.

La Route du rhum, caisse de résonance.

Ce n’est pas la 1ere fois que cette manifestation dite sportive, considérée par beaucoup comme des réminiscences du Commerce Triangulaire et de la Traite négrière, sert de « caisse de résonance » pour des revendications.

A lire: https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/11/28/perquisition-et-interpellations-apres-quatorze-attentats-a-la-bombe_2926770_1819218.html#xtor=AL-32280270-[mail]-[ios]

On se souvient qu’en 1986, une série de 14 attentats à la bombe, revendiquée par les indépendantistes, dans la nuit du 24 au 25 novembre, avait accueilli l’arrivée des 1ers skippers de la Route du rhum. La Guadeloupe vivait alors une de ses périodes les plus dures, surnommée « Les Nuits Bleues ». Une période de 10 ans où l’on recensera près de 80 faits similaires en Guadeloupe, Martinique et Guyane, faisant plusieurs morts et blessés.

A voir: https://www.france.tv/la1ere/guadeloupe/soiree-horizons/4079431-les-nuits-bleues-de-l-independance.html

Macte: des émissaires du gouvernement en Guadeloupe pour évaluer la situation ?

Konplo a chyen ?

L’ Affaire du Macte, une affaire nauséabonde qui avait éclaté suite à la révélation dans la presse des notes de taxi impayées de la directrice Laurella Rinçon. S’ensuivait alors un feuilleton digne de Netflix: dénonciations sur des problèmes de management, de gestion des comptes, accusations et plainte pour détournement de fonds publics, mise à pied, campagne de calomnies… Tout y est passé. Un tir croisé dirigé vers la jeune directrice, bardée de diplômes, faisant la fierté des Guadeloupéens, et subitement devenue la cible idéale de ses recruteurs d’alors.

Laurella Rinçon, directrice du Macte

Laurella Rinçon sur les traces de Corinne Mencé-Caster ?

Sur la sellette, Laurella Rinçon est mise à pied en vue d’une procédure de licenciement, puis réintégrée par le Tribunal administratif de Basse-Terre, le 15 septembre 2021, lui confortant les pleins pouvoirs. 1-0 pour la directrice

Depuis le 19 septembre, une mission de l’inspection générale des affaires culturelles et de l’inspection générale de l’administration est en Guadeloupe. Les inspecteurs enquêtent sur de probables irrégularités entre 2016 et 2019. Et ne voilà t’il pas que Laurella Rinçon serait encouragée à quitter LA GUADELOUPE ?? Pour quels motifs ? Y a t’il eu des menaces ? Des pressions ? Pourquoi s’ingérer une fois de plus dans des affaires locales ?

Une affaire et un traitement politico-médiatique qui rappelle étrangement l’affaire de l’UAG, en Martinique, et de sa présidente Corinne Mencé-Caster entre 2013 et 2017. Dénonçant des détournements de fonds, la présidente après 4 ans de procédure et le soutien d’une délégation sénatoriale, quittait finalement son poste et la Martinique, suite à des menaces sur sa famille…

Qui veut la peau du Macte ?

Inauguré en 2015, par François Hollande, pour un coût de 83 millions d’euros, le Macte fait l’objet de beaucoup de controverses. Certains se plaignent de manifestations trop festives sans respect pour la mémoire des Ancêtres, d’autres contestent le récit présenté de l’Histoire de France et des responsabilités locales et nationales minorées voire effacées des tablettes… Il est vrai qu’un tel établissement est en contradiction avec le roman national sur l’histoire de l’Esclavage et de la Traite Négrière. Sensé faire la fierté des Guadeloupéens, tel un navire sans maitre, le Macte tangue entre polémiques en tout genre, ne se révélant finalement pas être à la hauteur des enjeux d’une mémoire guadeloupéenne apaisée sur l’impossible réparation de ce que la France considère comme crime contre l’humanité. Alors sabordage, sabotage ou déchoukaj comme on sait si bien parfois le faire ?

Décès Elisabeth II: Mutabaruka dénonce les crimes de l’Empire britanique

Dans un entretien sur la chaine américaine MSNBC, Allan Hope dit Mutabaruka, le célèbre  dub-poet révolutionnaire, acteur et militant rastafari jamaïcain, dénonce les crimes atroces commis sous la monarque britannique. Il demande des excuses et des réparations. Depuis le décès d’Elisabeth II, plusieurs pays de la Caraïbe appellent à rompre les liens avec le Commonwealth, à l’exemple d’Antigua et Barbuda. En effet, le Premier ministre Gaston Browne a déclaré organiser un référendum sur la destitution du roi Charles III à la tête de l’État. Ce serait la 3ème État de la Caraïbe à sortir de la tutelle britannique après la Barbade et la Jamaïque.